Entretien avec Álvaro Longoria

               Entrevue avec Álvaro Longoria

●  Comment était votre début au secteur audiovisuel ?

Avant de me dédier au cinéma, je travaillais à la banque. Ma formation est le financement. Je travaillais dans une banque d'investissement, hors de l’Espagne, à New York et Londres. Et mes origines au secteur audiovisuel de quelque sorte vient d’un chemin un peu « bizarre ». 

J'ai étudié le master à New York et j'ai fait un projet de fin de master sur la création d'une société de production audiovisuelle. Ce projet devina une réalité, et c'est un peu par hasard, et c'est ainsi que je suis entré dans l'industrie audiovisuelle en montant déjà la société de production ("Morena Films"). Et ça n’est pas fréquent, puisque les gens commencent peu à peu. J'ai commencé en grand, et j'ai dû apprendre à devenir une bête.

Mes commencements étaient compliqués, puisque je savais beaucoup sur le cinéma, mais très peu de production. Bref, j’ai eu la chance de joindre Juan Gordon, qui avait beaucoup d'expérience. Il nous a pris quelques ans pour mener la productrice, mais ensuite nous avons pris le coup de main, et maintenant il est clair que nous faisons beaucoup mieux. Mais au début c’était compliqué, puisqu’il y eurent des moment où l’on a dû invertir davantage car nous nous sommes trompés avec des films très bons.


●  C’était à l’année 1999 quand vous avez fonde « Morena Films » avec Juan Lordon et Lucrecia Botín. D’où l’idée´est née ?

« Morena Films » était une idée de la fin du master, de l’Université de New York. Puis je suis retourné à la banque, mais j’avais toujours l’idée de ce projet dans la tête, alors lorsque je parlais avec plusieurs partenaires puissants nous avons trouvé Juan Gordon, qui voulait aussi créer une productrice. À ce moment Juan Gordon travaillait avec une productrice importante nommée ESICMA, d’Elías Querejeta, cependant, Juan Gordon voulait être indépendant, donc nous nous sommes réunis tous les deux pour former « Morena Films ».


●  Que signifie pour « Morena Films » le fait que deux de ses productions « Champions » et « Cellule 211 » aient remporté le Goya du meilleur film ? 

Il faut tenir compte de ces 21 ans où nous avons produit presque 90 long documentaires, et ces deux sont « nos deux grands ». 

Le Goya représente les films qui ont marqué un tournant, et "Champions" est peut-être le film parfait, un film qui remporte tous les prix, je pense qu'il a gagné 55 prix et en plus il a été le film espagnol numéro un au box-office. « Cellule 211 » fut aussi un grand succès en recette. Et ces deux films nous ont fait augmenter tant au sujet économique comme face à la réputation.

C’est très important d’avoir du succès, parce qu’à la fin comme producteur tu est aussi bon que ta réputation. La réputation est les plus important.


●  Vous avez été producteur de Champions (2018), avec Luis Manso. En tant que producteur d'un film aussi primé et si bien accueilli par le public, qu'est-ce que cela a signifié pour vous ? Et pour votre parcours professionnel ?

J’ai bien aimé faire parti de ce film. 

J’ai toujours eu la grande chance de produire aux grand réalisateurs, dont j’ai beaucoup appris, comme par exemple Steven Soderbergh, Carlos Saura, Oliver Stone, o Javier Fesser, parmi beaucoup d’autres. Et bien sûr, je suis peut-être devenu un peu accro à travailler avec de grands réalisateurs, c'est un peu ce que j'aime le plus. J’adore travailler avec des génies (si je peux les rencontrer). J’essaie toujours de trouver ces gens qui ont une pensée différente, qui ont peut-être une façon différente et particulière de réaliser, et c’est ça ce que j’aime
Au cas de Javier Fesser, je pense qu’il est un des grands talents de ce pays, l’un des génies de l’Espagne. Il a fait cinq films, et tous ont devenu un succès. Et personne n’a pas ce record, le fait que chaque film fasse l’effet d’une bombe, ça n’arrive pas. Je pense donc que c’est fondamental, le talent est tout.



● Aujourd'hui, beaucoup de gens regardent les acteurs pour procéder au visionnage d'une production audiovisuelle, plus que la production ou la réalisation. Pensez-vous qu'aujourd'hui, le rôle de producteur ou de réalisateur a une valorisation différente de celle d'autrefois ?

À mon avis cette valorisation a beaucoup changé. Dans le passé, les réalisateurs fixaient les tendances et le public, les gens allaient voir "le film du réalisateur", et maintenant beaucoup de choses changent. Les acteurs deviennent de plus en plus importants parce qu’eux, ils représentent l’affiche. Et à la fin, dû à la grande quantité d’information et de films, les gens se guident par « le film de Javier Bardem », bien qu’il s’agisse vraiment du film du réalisateur.

Par contre, à la TV il se passe tout le contraire, où les séries ne sont créées par un acteur reconnu, dans de nombreux cas ils sont tous des inconnus ou ils ne sont pas de grands stars. Et là, je pense que le rôle du producteur prend une importance de plus en plus majeure, car les producteurs sont de créateurs, et la tendance est à ce les producteurs entrent de plus en plus dans le monde de la création.

Par exemple, je considère que je suis un producteur créatif, pas financière, et je travaille essentiellement au contenu. Je suis aussi réalisateur, et je crois que la vraie valeur ajoutée du producteur est de savoir identifier et gérer le talent, et si c’est possible offrir son propre talent. Je crois que c’est là où l’avenir se trouve, puisque fournir du talent est quelque chose qu’on ne peut pas remplacer, en revanche, en ce qui concerne l’argent, des plateformes comme Netflix va toujours avoir plus d’argent que n’importe quel autre. Trouver de l’argent est de moins en moins une valeur ajoutée, et avoir du talent devient de plus en plus important.


●  Es que les producteurs comptent sur quelque sorte d’aide financière, soit de l’état, régionale ou locale, pour faire leurs productions ?

En Espagne il y a un système de subventions. En général, le système espagnol européen est très subventionné. C’est une industrie qui a beaucoup d’aides publiques. Elle a essentiellement deux formes : L’une est à travers des subventions et l’autre à travers des incitations fiscales, et c’est une pratique très commune dans tous les pays de l’Europe et dans tout le monde. 

L’industrie audiovisuelle est une industrie très subventionnée, car un film bouge beaucoup d’argent autour, donc tout le monde est intéressé que le tournage soit fait sur leur région ou pays. Et oui, elle compte sur un grand soutien, comme la plupart des pays


●  Pensez-vous que le gouvernement devrait investir davantage financement et aides au secteur audiovisuel ?

Je ne suis pas un grand partisan des subventions. Je crois en général que l’argent publique est de l’argent peu intelligent, puisqu’il est adressé toujours à celui qui mieux sait aller dans certaines normes, qui sont mises par de gens qui normalement ne travaillent pas à l’industrie audiovisuelle. Ils sont souvent fabriqués par des personnes qui ne sont pas des professionnels de l'industrie et emportés par des personnes qui ne sont pas non plus des professionnels de l'industrie, car il y a des gens qui savent très bien comment obtenir des subventions.

Comme je viens de dire, je ne supporte pas des subventions. Je crois aussi que l’industrie audiovisuelle est stratégique, une industrie exportatrice, qui génère de la valeur et crée beaucoup d'emplois, et qu'elle doit être soutenue et surtout protégée de la concurrence internationale des produits. Il faut tenir compte que l’industrie audiovisuelle n’est pas seulement une industrie, c’est aussi de la culture, et si l’on perd la culture de notre pays, on ne devient rien. L'Espagne est ce qu’elle est grâce à sa culture. Les gens viennent ici parce qu’ils veulent l’exprimer la culture, et les gens consomment le produit espagnol parce qu’ils aiment notre pays. Le meilleur drapeau pour ceci sont ses films et séries, et le produit espagnol est consommé dans tout le monde. C’est une industrie qui exporte et il faut la protéger, d’ailleurs il faut faire attention des fonctionnaires qui souvent ne savent pas gérer l’argent publique


● En ce qui concerne la dernière questions, si l’on n’a pas recours à ces subventions d’argent publique. Quelles autres voies avons-nous pour supporter un projet ?

Il est très important de favoriser et encourager l’investissement privé, il sera toujours une bonne formule. Et aussi n’offrir que des aides directes à la production, mais aussi à l’exhibition, c’est-à-dire, il est presque plus important qu’il y ait un marché de gens habitués à regarder des films. Par exemple, si on n’éduque pas aux gens à l’école et à l’université à regarder des films et aller aux salles de cinéma, savoir mettre en valeur l’art qu’il y a dans le cinéma, cet audience, quand elle soit âgée ne va pas consommer, et c'est exactement ce qui se passe actuellement. En fin de compte, ce qui s'est passé, c'est qu'il y a une génération à qui cela manque. S’il n’y a pas d’éducation on perd l’audience. Soit on éduque l’audience, soit elle finit par consommer le produit les plus simple et « stupide », un produit plus superficiel, basique, sans profondeur et qualité technique et artistique, et c’est très dangereux. En outre, il faut ajouter qu’éduquer ce n’est pas cher, mener aux enfants une fois par mois aux salles de cinéma n’est pas cher, puisque les cinés sont enchantés d’encourager la consommation des films. Mais le problème est que si les gens ne sont pas habitués à regarder de films, ils ne consomment pas.

Je crois que c’est là où l’on doit mettre l’attention, au lieu de dépenser de l’argent il faut maintenir l’industrie, l’encourager et l’aider. Il ne faut pas supporter le cinéma proprement dit, mais toute l’industrie, car on doit la considérer comme telle.


●  L’apparition de plateformes comme Netflix, HBO ou Amazon Prime ont supposé la croissance de la création de productions audiovisuelles et une consommation majeure de ces-ci de part de l’audience. Est-ce que vous considérez que ceci a supposé un rapprochement entre la culture de l’industrie audiovisuelle et l’audience, ou l’effet est tout le contraire ?

Je pense que l’apparition de ces plateformes est une très grande opportunité. Netflix, HBO ou Amazon Prime et toutes ces plateformes sont en train de remplacer en quelque sorte les traditionnelles, ce qui permet qu’il y ait une offre très variée du contenu, mais pas nécessairement, ce que l’audience cherche est le meilleur contenu à niveau artistique. Ces plateformes restent souvent au contenu de très basique, et c’est là où l’on prend des risque du minimum de communication, car ce n’est pas le même de regarder un film d’un grand réalisateur avec un bonne distribution d’acteurs que regarder une série sans grand fond. Bref, ceci est le grand danger qui ont les plateformes, qui sont dirigées par la consommation en soi-même, elles n’ont qu’un algorithme qui dit : « C’est ça ce que les gens consomment, on en a besoin de plus ». Si ce que les gens consomment n’est pas si bon ou n’a pas une bonne morale au bout, au final c'est ce que cela vaut et c'est très dangereux. Mais par contre c’est aussi un grand outil pour redonner une chance aux autres produits.

Par exemple, je suis réalisateur de documentaires. Auparavant, mes documentaires étaient un projet minoritaire au cinéma et ces nouvelles plateformes favorisent ce produit minoritaire pour qu’il puisse être regardé, et au moins il est là, bien que ça dépend de l’audience, qui c’est elle qui décide de le regarder. La démocratisation des plateformes permet que tous les contenus soient là, même dans Youtube, vous pouvez faire un film et le mettre dans Youtube, une autre chose est que personne ne le voit, mais au moins tout le monde a accès à le voir, et c'est très important.


●  La création de ces plateformes digitales, et avec elles, la hausse des productions audiovisuelles. Est cette une chance pour les producteurs et réalisateurs de générer beaucoup plus de contenu ?

Bien sûr, il est utile qu'il y ait de plus en plus de contenu. Et ici la clé est dans la qualité, c'est-à-dire être bon, c'est ce qui va vous marquer plus tard la différence. 

Par exemple, j’ai tourné de grands documentaires qui m’ont coûté 20000 € et beaucoup de gens les ont regardés. Aujourd’hui avec les moyens de pointe et avec la technologie, l’argent n’est pas essentiellement un empêchement pour le talent, si vous avez de talent vous pouvez arriver à faire n’importe quel produit audiovisuel sans beaucoup des ressources et atteindre une grande audience. Un bon exemple est « Paquita Salas », je pense que chaque épisode coutait 5000 € et cependant ils ont atteint des milliers de personnes. Dans l'ensemble, je pense que c'est une grande opportunité pour les nouveaux talents.


●   Vous avez travaillé comme réalisateur de films documentaires. Pourquoi ce genre ? Voudriez-vous essayer un genre différent ?

Moi j’aime ce genre. Quand je cherche quelque chose à regarder, je finis toujours avec des documentaires. Je pense que la réalité surpasse toujours la fiction, il y a des histoires incroyables.

Il y une raison pour laquelle j’aime réaliser des documentaires, et c’est que lorsqu’on réalise un documentaire on fait partie de l’aventure, on ne raconte l’aventure d’autrui, mais vous êtes vous-même l'aventure. Les documentaires m’amusent trop pour cette raison, car lorsque vous faites un documentaire, vous intervenez ou participez toujours en quelque sorte dans cette histoire et vous avez la chance d’en faire partie et aider aux gens à agir, et pour moi faire un produit qui fasse penser aux gens est très important. 

À mon avis nous nous vivons dans une société où l’on pense moins, et je crois que les documentaires nous obligent penser, à travers la distraction, mais il est important que en quelque moment le spectateur ait l’obligation ou le besoin de réfléchir sur les choses, et en général dans la fiction il est bizarre de voir un produit dont tu dois prendre une décision, et cependant aux documentaires c’est plus commun et intéressant de regarder. 

Sans doute je pense que c’est merveilleux. Évidemment, ce n’est pas le genre majoritaire, mais peut-être que c’est pour ça qui nous donne plus liberté pour faire ce que l’on veut.


●  Vous avez réalisé de films documentaires comme « Enfants des nuages. La dernière colonie » ou « The Propaganda Game », qui ont été lauréats du prix Goya au meilleur film documentaire. Comment avez-vous accueilli ces prix ? 

Je pense que la tempête parfaite est passée devant moi en termes de documentaires. Mon premier documentaire comme réalisateur emporta le Goya, qui fut « Enfants des nuages : La dernière Colonie ». Si cela n'avait pas été comme ça et que cela avait été un échec, peut-être que je n'aurais pas fait plus et que je serais resté producteur. Mais pour moi, être documentariste est quelque chose qui me fascine et je ne suis pas mauvais à cela, parce qu'ils les aiment, ils ont leur public et ils ont été récompensés, et c'est quelque chose qui m'a permis de vouloir faire plus. 

Le documentaire est un genre compliqué et difficile, mais je crois que il est important de le produire, parce qu’il fait partie du marché, c’est-à-dire il faut qu’il y ait du tout, car sinon, la même chose est consommée à la fin, et c'est exactement ce qu'il faut éviter.


●  En 2015 vous avez sorti votre deuxième film documentaire « The Propaganda Game », où la réalité sociale de la Corée du Nord est dévoilée, ainsi que les restrictions du gouvernement de Kim Jong Un. N’aviez vous peur de la répercussion qui pourrait avoir ce film, avec un gouvernement avec de punitions si dures comme celui de la Corée du Nord ? 

Tous les documentaires que j’ai produits, qui ont tous un caractère politique, ont leurs côté de risque et danger, parce que à la fin quand on approfondi sur une histoire comme dans le cas de la Corée du Nord, le Sahara ou Catalogne, vous risquez enfin d'être une victime collatérale.

Dans tous les documentaires que j’ai faits, il y avait de la polémique d’un côté et de l’autre. Au cas de la Corée du Nord, il était peut-être plus dangereux parce qu’elle une réputation et les sanctions du pays sont plus dures, et bien sûr, il y eu un moment où j’ai eu peur. Cependant, enfin, dans le cas de la Corée du Nord, je ne pense pas avoir pris trop de risques à un moment donné, parce que j'ai expliqué très clairement ce que j'allais faire, ce n'était pas une tromperie, et je n'ai pas non plus trompé le régime nord-coréen pour entrer dans le pays et raconter ensuite une histoire différente de celle que j'avais dite, mais je leur ai dit que j'allais raconter les deux versions, la leur et celle de l'extérieur, et parler de la propagande et de la manipulation médiatique qui se fait constamment de et vers la Corée du Nord. Donc, je n’ai jamais eu peur, puisque je savais qu’est-ce-que je faisais et j’ai été clair.

Mais il y a toujours quelque sorte de risque. Par exemple, quand j’ai travaillé sur le sujet du Sahara, j’ai eu des moments compliqués, puisque il s’agissait d’un documentaire que pour le Maroc était hostile.


●  Le secteur audiovisuel se trouve centralisé aux villes de Madrid et Barcelone. Pourquoi pensez-vous que cette centralisation de l’industrie se trouve ici ?

Cette centralisation est complètement nécessaire. On ne peut pas avoir une industrie décentralisée parce qu’elle ne marcherait pas, les économie d’échelle sont fondamentales. Si on réussit à créer un endroit où le tournage soit effectif et moins cher, et où on ait des équipements habituées, il sera plus facile et vite, le résultat sera mieux. Ce qu’on ne peut pas chercher à faire est créer un centre audiovisuel à chaque province de l’Espagne parce qu’à mon avis ça n’a aucun sens, c’est tout une échec. En fait, si l’on fait attention dans tous les pays de l’Europe et aux États Unis il y a des centralisations. 

Comme j’ai déjà dit aux États Unis qui est la puissance audiovisuelle la plus grande du monde, les tournages se font en quatre lieux, pas partout. Le noyau se produit sur un endroit, qui généralement est situé où se trouvent les studios. Vous ne pouvez pas avoir des salles de réunion et des équipements coûteux partout, mais vous devez les avoir au même endroit et les utiliser tout le temps. On ne peut pas faire semblant d'avoir tout cela éparpillé partout, parce qu'alors ça ne marche pas.

Je crois que dans les industries à forte intensité de capital, comme l'industrie audiovisuelle, la centralisation est nécessaire.


●  À l'égard des villes de Madrid et Barcelone. Pensez-vous que tout travailleur du secteur audiovisuel devrait se rapprocher de ces villes s’il veut atteindre la célébrité ou la reconnaissance ?

Si je devais choisir une ville du monde pour atteindre la célébrité et reconnaissance au secteur audiovisuel elle serait Los Ángeles, si l’on parle de centralisation, c’est Los Ángeles. Bien sûr, l'industrie audiovisuelle en Espagne est minoritaire par rapport à Hollywood, et c'est finalement la Mecque du cinéma et de la télévision. Et c'est de là que tout vient, en fin de compte, le reste d'entre nous ne sont que de petites colonies dispersées dans le monde entier.

Évidement il y a du talent partout, et des films très bons et très compétitifs sont réalisés, et pas seulement au premier niveau. Mais bien sûr, vous le comparez à un domaine où tous les meilleurs talents du monde se sont réunis. Moi, on m’a invité à un événement à l'Académie de Hollywood, et ainsi qu’être un grand honneur pour moi, c’est aussi une façon de m’approcher d’eux, m’approcher de l’industrie américaine et sentir que j’en fait partie. Car je ne suis pas qu’un produit espagnol, mais un produit qui peut donc y travailler.


●  Vous êtes issu de la Communauté de Cantabrie, pour être plus précis, Santander. Comment voyez-vous la situation du secteur audiovisuel dans la communauté?

Cantabrie est un endroit avec un grand potentiel, mais pour réussir à être compétitif à niveau mondial, on doit être doué en quelque chose. On ne peut pas être doué à une seule chose, puisqu’il existe une concurrence très forte dans les tournages, quelque chose d’attirante et qui laisse beaucoup d’argent, qui génère de la richesse à la région où ils ont faits.

Par exemple, à Cantabrie on dépense beaucoup d’argent pour maintenir des usines comme Sniace, en Torrelavega, que ne sert qu’à maintenir une industrie qui n’évolue pas et qui n’a pas de futur, et au final, si cet argent était investi dans le talent et la créativité, et surtout dans les jeunes, il serait bien mieux utilisé. Le fait est que la fermeture d'usines comme celles-ci n'est qu'une question de temps, ce n'est pas un investissement dans l'avenir, mais un investissement dans le passé, et je crois qu'il est nécessaire d'investir dans l'avenir.

Si la Cantabrie veut être un centre compétitif pour le secteur audiovisuel, elle doit investir, non pas parce qu'elle possède les meilleurs paysages et une diversité brutale, mais parce qu'elle doit être compétitive, en créant des sites de tournage qui ne sont pas ponctuels. 

En Cantabrie, il faut investir et soutenir le talent, et il n'y a pas de meilleur moyen que le tournage d'un film, que le réalisateur soit de la région, comme Nacho Vigalondo ou moi-même, car nous apportons tous un produit au cinéma en Cantabrie.

Il y a un énorme concurrence partout l’Espagne pour attirer des tournages. Par exemple, au Pays Basque, ils ont créé une incitation fiscale que la Cantabrie ne pouvait pas offrir, car bien sûr, si je dois choisir entre tourner en Cantabrie ou au Pays Basque, des communautés dont l'esthétique est très similaire, et que le Pays Basque me donne 10 % du coût de production de plus qu'en Cantabrie, il est plus que probable que j'irai au Pays Basque. Il est donc nécessaire d’offrir quelque chose qui soit compétitif, c’est-à-dire, quelque chose très spéciale, parce que si non, ça va être très difficile.


●   À l’égard des géants du secteur audiovisuel, qui sont Madrid et Barcelone. De quoi manque la Cantabrie pour être au niveau ?

La Cantabrie peut être une destination idéale pour le tournage, mais elle ne sera jamais un « hub », car ce sera toujours Madrid, ni même Barcelone, car il n'y a pratiquement pas de centres de production là-bas, il est simplement fait parce qu'il est en catalan et parce qu'il y a beaucoup de soutien pour le catalan, il a beaucoup de soutien financier et des très bons emplacements. Mais il faut faire la différence entre où l’on tourne et où se trouve le centre de production.

La Cantabrie peut être compétitive parce qu'elle dispose de bons emplacements originaux, mais cela ne vous mène pas très loin. Pour vraiment faire de la Cantabrie une destination de tournage, il faut investir dans les décors et dans des professionnels locaux qui ont le niveau, car il y a des gens qui ont beaucoup de talent mais qui n'y sont pas habitués. Par exemple, dans un film américain, il y a des gens qui viennent et qui tournent 12 heures d'affilée sans cligner des yeux, et cela doit être éduqué, cela n'arrive pas tout seul.

Cela doit devenir une décision politique à court terme, et je vois ça bien difficile.


●  Il faut ajouter que la situation du COVID-19 a supposé l’arrêt total dans la production audiovisuelle. Comment a ça touché le secteur ?

Au secteur il y eu un arrêt temporaire. Il faut être conscients que les tournages de films et les tournages de la TV prennent leurs temps, si l’on arrête pendant deux mois tout ne va pas non plus changer. C’est vrai qu’au moment on doit arrêter, mais il se sont mis en place encore et on est en train de tourner les films, il y a une grande activité.

Néanmoins, ce qu’il se passe est que, comme dans mon cas j’ai tourné deux séries pendant le confinement pour la TV espagnole, comme producteur, c’est-à-dire, cet arrêt n’a pas été total. 
Par contre je pense que les dommages les plus brutaux vont venir du côté financier, la consommation des salles s'est effondrée, et le modèle que nous avions du cinéma était plus basé sur la consommation de cinéma, c'est vrai, que la consommation en ligne est montée en flèche et qu'au final, elle a neutralisé les salles. Cependant si l’on réussit d’éliminer le COVID-19, je suis sûr que cet industrie ne sera pas si touchée comme les autres, si l’on peut tourner, parce que le vrai problème avec le virus est de tourner. 

Maintenant, si on sort une vaccine l’année prochaine ou l’on réussit à contrôler ce problème, je pense que l’industrie survivra, je ne pense pas que ça soit si grave comme à l’industrie de l’exhibition, des cinémas ; sans doute elles seront les plus touchées, mais pas celles-ci de la production.


●  Comment pensez-vous que sera l’avenir de travailleurs du secteur ?

L’avenir est brillant, parce que comme je viens de le dire, on consomme de plus en plus. Le gens au confinement ont profité leurs temps pour regarder la TV, je pense qu’il s’agit de notre audience, cet audience qui s’est habituée à consommer la TV et les séries chez elle, la même qui va continuer le faire et qui aura besoin davantage produit, et ce produit c’est nous qui l’offrons, les professionnels du secteur.

C’est pour ça que je pense qu’il y une grande chance en Espagne pour s’en dévouer, il n’y a pas beaucoup d’industries qui aient un avenir si positif. Je pense qu’on est en vogue, on fait de bonnes productions, les gens les achètent et les profitent. 

Je ne le considère pas comme mauvais, dans les limites que nous connaissons clairement, et je ne pense certainement pas que nous soyons l'industrie la plus touchée, du tout.


●  Et pour finir, pourriez-vous nous raconter des projets dont vous êtes en train de travailler ou des futurs projets ?

Je parlais juste avant avec Fernando Palomo, qui est le réalisateur du prochain film que je vais produire. C’est un film qu’on va tourner en octobre, il s’agit d’une comédie avec Karra Elejalde et María Pedraza, qui s’appelle « Poliamor para principiantes » (Polyamour pour débutants). Le propre titre nous en parle et raconte l’histoire d’une nouvelle société où les façon de se connaître ont changés. 

Puis j’ai un autre film qui sera le début de Juan Botto, dont les protagonistes sont Penélope Cruz et Luis Tosar, nommé « En los márgenes » (Aux marges).

Et ensuite, sortir le prochain fil qu’on a produit, de Javier Fesser qui s’appelle « Historias lamentables » (Histoires lamentables) qui est encore à l’attente de sortie.


Auteur: Carlota Pajares.
Traducteur: Rosario Osaka

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